Bien qu'aux portes de l'hiver, le 11
novembre voit fleurir une petite fleur bleue depuis maintenant 77 ans.
C'est à partir de 1934 que furent vendus lors de la commémoration de
l'armistice des fleurs de bleuet
confectionnées par les anciens combattants. L'Etat français officialise cette vente dès 1935 et à
chaque 11 novembre afin de témoigner de la reconnaissance de la nation
et venir en aide à ceux qui l'ont servi si dignement. A compter de 1957,
le 8 mai est le deuxième jour de collecte autorisée. Aujourd'hui, c'est
l'office national des anciens combattants et victimes de guerre
(ONACVG) qui a repris en charge la gestion de l’œuvre nationale du
bleuet de France.
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Copyright Galerie Michel Graglia 2011 |
Fleurs des champs
Au sortir de la Grande Guerre, Charlotte Malleterre et Suzanne
Leenhardt, toutes deux infirmières au sein de l'institution nationale
des Invalides mettent en place un atelier pour les pensionnaires dans
lesquels ces derniers confectionnent des fleurs de bleuet en tissu pour
qu'ils puissent les vendre et ainsi subvenir en partie à leurs besoins. Le bleuet
est alors choisi pour être le symbole national du souvenir. Plusieurs
hypothèses expliquent ce choix:
Ce serait tout d'abord un hommage à la couleur de la nation, le bleu première couleur du drapeau français.
Ce
pourrait être également un hommage aux jeunes soldats arrivant sur le
front dans leurs uniformes bleu horizon et que l'on nommait les bleuets.
Enfin,
la fleur des champs qui malgré la fureur des combats et le chaos de la
guerre, continuait à pousser sur les champs de bataille.
Cette
dernière hypothèse est également à l'origine du choix du coquelicot
(poppy) outre-Manche, et même plus généralement, au sein du Commonwealth
pour symboliser le souvenir de ceux morts à la guerre. Son utilisation
fut inspirée par un poême écrit par le lieutenant-colonel John McCrae,
médecin militaire canadien,
In Flanders Field.
Mémoire défaillante
Or, donc si Français et Anglo-saxons
ont fait le choix commun d'une fleur des champs pour commémorer le
souvenir des anciens combattants après la première guerre
mondiale, la ressemblance, aujourd'hui, s'arrête là. En effet, à la
différence de la France, la vente de coquelicots en papier commence près
de deux semaines avant le jour du souvenir (le 11 novembre) et
l'adhésion publique semble sans commune mesure. Durant cette période,
impossible de croiser une autorité politique ou tout autre personnage
important du royaume britannique sans la petite fleur rouge à la
boutonnière: tous les entraîneurs de premier league, la première
division du championnat de football en Angleterre, arborent également le
coquelicot qu'ils soient Anglais ou non.
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Arsène Wenger entraîneur français d'Arsenal crédit arsenal.com |
Chaque cimetière regroupant
des soldats du Commonwealth se voient parer de rouge pour l'occasion, la
Normandie pouvant en témoigner.
Dans
le même temps, le bleuet n'apparaît généralement que le jour même des
cérémonies du 11 novembre. Celles-ci ne rassemblent plus que très peu de
monde et seule la volonté de certaines communes permet d'obtenir une
assistance conséquente grâce notamment aux écoles. Les autorités
politiques arborent plus ou moins ostensiblement le bleuet lors de cette
unique journée et elles sont bien souvent les seules.
Cette
lente désaffection engendre un cercle vicieux car environ 25% de ce qui
est collecté par l'oeuvre nationale du bleuet est utilisé pour
l'organisation de manifestation de mémoire. Si la mémoire n'est pas
entretenue, le bleuet perd sa signification et ses donateurs etc.
Pour
éviter cela, prenons exemple sur nos voisins anglo-saxons, affichons le
bleuet quelques semaines avant le 11 novembre, incitons nos élites à
l'afficher à leur boutonnière pour donner l'exemple, expliquons,
communiquons, en tout état de cause, ne laissons pas les soldats tombés
au champ d'honneur mourir une nouvelle fois dans la mémoire collective
en faisant fleurir le bleuet de novembre.
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