L'Islande est un des premiers pays à avoir subi de plein fouet les conséquences de la crise financière de 2008. Son système économique et ses banques étant fortement liés aux Etats-Unis, il n'est pas surprenant que cette petite nation -103125 km2 pour un peu plus de 300000 habitants - soit une des premières victimes de la crise des subprimes. Ironie du sort, cette proximité avec les Etats-Unis a souvent été mal vécue par les Islandais qui se l'était vu imposée par la position géographique de l'île et l'évolution de l'Histoire.
Crédit Icelandair |
Un revolver sur la tempe
Isolée au nord de l'Europe, dotée d'un climat particulièrement rude, l'Islande n' a été rattachée au continent que par son appartenance à la Norvège puis à la couronne danoise, elle obtient son entière indépendance en 1944. Pauvre et inhospitalière, l'île a toujours été préservée des conflits qui ravagèrent l'Europe même si elle eut a subir certaines conséquences comme le blocus imposé par Napoléon 1er à l'Angleterre, elle même principale pourvoyeuse de ressources à l'Islande. Cet isolement a forgé chez les Islandais un véritable idéal pacifiste et neutraliste. Cependant les réalités géopolitiques vont rattraper ce peuple nordique car comme le déclare l'Allemand Haushofer : "Celui qui contrôle l'Islande a dans les mains un revolver pointé sur l'Angleterre, les Etats-Unis et le Canada". Lors de la Deuxième Guerre Mondiale, les Alliés, ayant parfaitement conscience de la valeur stratégique de l'île, ont décidé de s'y déployer de manière préventive, les Britanniques, tout d'abord, en mai 1940 suivi par les Américains, après qu’un accord de défense ait été signé, en juillet 1941. Les velléités neutralistes des Islandais les incitent à négocier le départ des Américains dès la fin du conflit. C'était sans compter la bipolarisation du monde consécutive à la guerre et la déclaration de Haushofer retrouvait alors toute sa dimension. Les Etats-Unis ont à nouveau pesé de tout leur poids pour faire pencher l'Islande dans le camp occidental. Après avoir signé un nouvel accord en 1946, accord de Keflavik, l'Islande, pays sans armée, intègre l'OTAN en 1949 mettant sous l'éteignoir son désir de neutralité pour des raisons pragmatiques de sécurité et d'économie. Ces décisions se traduisent physiquement par l'installation de 5000 soldats américains sur la base de Keflavik ce qui rapporté à la population islandaise, environ 250000 âmes, correspond à une très forte présence. Celle-ci impacte nécessairement le mode de vie local, les habitants découvrant la modernité américaine et son formidable attrait. Cette présence est néanmoins mal supportée et les Islandais manifestent régulièrement pour le départ du contingent U.S.
Avec la chute de l'URSS en 1991 et l'éventualité d'une pax americana sur le monde, la position de l'Islande perd de son caractère stratégique. Le pragmatisme anglo-saxon pousse les Américains a reconsidéré leur présence sur l'île bien que l'accord de Keflavik les lie jusqu'en 2001. Les Islandais ne possédant pas de système de défense autonome et ne disposant d'aucune alternative, cherchent en revanche à retenir le plus longtemps possible l'armée américaine sur l'île d'autant que la base joue un rôle non négligeable dans l'économie du pays. Finalement, les Etats-Unis décident unilatéralement de se retirer à compter de septembre 2006, scellant ainsi la fin de la place stratégique de l'Islande.
Renouveau stratégique?
Engluée dans ces difficultés économiques et politiques, l'Islande pourrait néanmoins retrouver un rôle stratégique lié à sa position géographique dans un avenir proche. En effet, la proximité de l'île avec le cercle polaire peut lui rendre un certain attrait notamment pour les pays ne disposant pas de ce voisinage. Pour mémoire et comme je le rapportais dans un billet précédent, l'accélération de la fonte des glaces fait de l'Arctique une future région majeure du transit commercial mondial. Mais surtout la zone détient 13% des réserves mondiales de pétrole, 30% pour le gaz naturel et 20% du gaz naturel liquide selon l'US Geological Survey.
Pour tenter de sortir de la crise, l'Islande a fait le choix historique - et peut être un peu opportuniste - de demander son rattachement à l'Union Européenne en 2009. Celle-ci, cherchant le consensus sur le traité de Lisbonne avant de penser à un nouvel élargissement, n'a pas donné d'assurance aux Islandais. Cette attitude ajoutée à l'"abandon" américain laisse un boulevard à la Chine qui n'a pas caché sa volonté d'aider l'Islande à se redresser notamment en fournissant près de 500 millions d'Euros aux banques islandaises. Cela entraîne bien évidemment la bienveillance des autorités islandaises et des initiatives individuelles telles que celle du Chinois Huang Nubo montrent tout l'intérêt de la Chine pour cette région.
Et la France?
Comme pour l'Union Européenne, la France a sans doute intérêt à un rapprochement avec l'Islande ne serait ce que pour limiter les intervenants extérieurs au cercle arctique et notamment la Chine. Au départ des Américains en 2006, l'Islande ne s'est pas constituée de défense et elle compte aujourd'hui sur la présence tournante d'avions de l'OTAN pour assurer sa sécurité. La France qui a participé à cette défense tournante dès 2008 en fournissant notamment 4 mirages 2000-5 et qui ne possède pas les moyens financiers pour apporter une aide économique directe, pourrait par le biais d'accord de défense accroître ses relations avec l'Islande afin de rester présent dans le futur grand jeu que représente l'Arctique.
Carte de l'Islande - Crédit inconnu |
Avec la chute de l'URSS en 1991 et l'éventualité d'une pax americana sur le monde, la position de l'Islande perd de son caractère stratégique. Le pragmatisme anglo-saxon pousse les Américains a reconsidéré leur présence sur l'île bien que l'accord de Keflavik les lie jusqu'en 2001. Les Islandais ne possédant pas de système de défense autonome et ne disposant d'aucune alternative, cherchent en revanche à retenir le plus longtemps possible l'armée américaine sur l'île d'autant que la base joue un rôle non négligeable dans l'économie du pays. Finalement, les Etats-Unis décident unilatéralement de se retirer à compter de septembre 2006, scellant ainsi la fin de la place stratégique de l'Islande.
F-15 américains sur la base de Keflavik - crédit inconnu |
Renouveau stratégique?
Engluée dans ces difficultés économiques et politiques, l'Islande pourrait néanmoins retrouver un rôle stratégique lié à sa position géographique dans un avenir proche. En effet, la proximité de l'île avec le cercle polaire peut lui rendre un certain attrait notamment pour les pays ne disposant pas de ce voisinage. Pour mémoire et comme je le rapportais dans un billet précédent, l'accélération de la fonte des glaces fait de l'Arctique une future région majeure du transit commercial mondial. Mais surtout la zone détient 13% des réserves mondiales de pétrole, 30% pour le gaz naturel et 20% du gaz naturel liquide selon l'US Geological Survey.
Pour tenter de sortir de la crise, l'Islande a fait le choix historique - et peut être un peu opportuniste - de demander son rattachement à l'Union Européenne en 2009. Celle-ci, cherchant le consensus sur le traité de Lisbonne avant de penser à un nouvel élargissement, n'a pas donné d'assurance aux Islandais. Cette attitude ajoutée à l'"abandon" américain laisse un boulevard à la Chine qui n'a pas caché sa volonté d'aider l'Islande à se redresser notamment en fournissant près de 500 millions d'Euros aux banques islandaises. Cela entraîne bien évidemment la bienveillance des autorités islandaises et des initiatives individuelles telles que celle du Chinois Huang Nubo montrent tout l'intérêt de la Chine pour cette région.
Et la France?
Comme pour l'Union Européenne, la France a sans doute intérêt à un rapprochement avec l'Islande ne serait ce que pour limiter les intervenants extérieurs au cercle arctique et notamment la Chine. Au départ des Américains en 2006, l'Islande ne s'est pas constituée de défense et elle compte aujourd'hui sur la présence tournante d'avions de l'OTAN pour assurer sa sécurité. La France qui a participé à cette défense tournante dès 2008 en fournissant notamment 4 mirages 2000-5 et qui ne possède pas les moyens financiers pour apporter une aide économique directe, pourrait par le biais d'accord de défense accroître ses relations avec l'Islande afin de rester présent dans le futur grand jeu que représente l'Arctique.
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