Cette fois, c'est l'actualité qui inspire ce billet cinématographique. En effet, la mort du "cher" leader Kim Jong-il remet la Corée au devant d'une actualité internationale toujours dense. Ce pays est encore aujourd'hui l'une des victimes collatérales de l'opposition bipolaire entre occident et communisme. Comme l'Allemagne, il subit la partition à hauteur du 38ème parallèle en 1953, à l'issue d'une guerre fratricide. Alors que l'Allemagne connaissait la réunification en 1990, la Corée du Nord persiste, avec l'appui de la Chine, dans la voix d'un communisme forcené et montre régulièrement les dents à une Corée du Sud pas forcément moins agressive soutenue par les Etats-Unis. Plusieurs films ont traité de la guerre de Corée - Baïonnettes au canon, Côte 465, Les ailes de l'espérance ou encore la série U.S. M.A.S.H. - mais la plupart avec une vision occidentale ou plus précisément hollywoodienne. Frères de Sang - Taegukgi sorti en 2004 fait donc figure de quasi exception car c'est un des rares films coréens parlant de la guerre civile et ayant connu une vraie carrière internationale.
Le fil conducteur du film repose sur l'histoire de deux frères, l'aîné travaillant durement pour envoyer son cadet à l'université. Tout est remis en cause lorsque la guerre éclate entre les deux Corées le 25 juin 1950 et que le plus jeune est enrôlé de force. Son frère qui tente de faire annuler sa réquisition subi alors le même sort. La caméra suit l'évolution des deux frères au milieu d'un conflit qui les dépasse totalement.
Film le plus cher du cinéma coréen à sa sortie avec un budget de plus de 12 millions de dollars, Frères de Sang est assurément du grand spectacle. Avec près de 25000 figurants, de gros efforts pour reconstituer le plus fidèlement possible les équipements militaires et des effets spéciaux de qualité, certaines scènes de combat sont d'une rare efficacité. Le réalisateur, Kang Je-gyu, a fait le choix du réalisme en reprenant les nouveaux codes du genre initiés par le film de Spielberg, "il faut sauver le soldat Ryan". Et c'est vrai que les analogies sont nombreuses ce qui pour certains critiques s'apparente à du plagiat. Néanmoins, la spécificité historique donne tout son intérêt à cette œuvre. On suit l'entrée en guerre de la Corée du Sud manquant totalement de préparation ce qui amène les armées du Nord aux portes de Séoul avant que les Etats-Unis décident d'entrer en action afin d'éviter l'"effet domino" communiste. La Corée du Sud reprend le dessus et franchit à son tour la frontière du Nord jusqu'à ce que la Chine entre à son tour dans la danse rééquilibrant ainsi les forces en présence. Il n'y a pas de vrai parti pris ni aucune complaisance non plus dans l'évocation du comportement des combattans - et des non-combattants - du Nord comme du Sud. Parfois manichéen, souvent perturbant, le film manque parfois d'un peu de finesse mais il parvient à éclairer les traumatismes toujours vivaces engendrés par ce conflit dont le résultat perdure aujourd'hui avec la scission de la Corée depuis 1953.
Film le plus cher du cinéma coréen à sa sortie avec un budget de plus de 12 millions de dollars, Frères de Sang est assurément du grand spectacle. Avec près de 25000 figurants, de gros efforts pour reconstituer le plus fidèlement possible les équipements militaires et des effets spéciaux de qualité, certaines scènes de combat sont d'une rare efficacité. Le réalisateur, Kang Je-gyu, a fait le choix du réalisme en reprenant les nouveaux codes du genre initiés par le film de Spielberg, "il faut sauver le soldat Ryan". Et c'est vrai que les analogies sont nombreuses ce qui pour certains critiques s'apparente à du plagiat. Néanmoins, la spécificité historique donne tout son intérêt à cette œuvre. On suit l'entrée en guerre de la Corée du Sud manquant totalement de préparation ce qui amène les armées du Nord aux portes de Séoul avant que les Etats-Unis décident d'entrer en action afin d'éviter l'"effet domino" communiste. La Corée du Sud reprend le dessus et franchit à son tour la frontière du Nord jusqu'à ce que la Chine entre à son tour dans la danse rééquilibrant ainsi les forces en présence. Il n'y a pas de vrai parti pris ni aucune complaisance non plus dans l'évocation du comportement des combattans - et des non-combattants - du Nord comme du Sud. Parfois manichéen, souvent perturbant, le film manque parfois d'un peu de finesse mais il parvient à éclairer les traumatismes toujours vivaces engendrés par ce conflit dont le résultat perdure aujourd'hui avec la scission de la Corée depuis 1953.
Frères de Sang - Taegukgi* (2004) de Kang Je-gyu avec Jang Dong-gun et Won Bin; durée: 147 mn DVD Universal
* drapeau national Sud-Coréen
N.B.: N'hésitez pas à laisser vos commentaires, d'accord pas d'accord, afin que chacun puisse se faire une idée et choisir de regarder...ou non
* drapeau national Sud-Coréen
N.B.: N'hésitez pas à laisser vos commentaires, d'accord pas d'accord, afin que chacun puisse se faire une idée et choisir de regarder...ou non
Bonsoir,
RépondreSupprimerJ'avais lu votre billet hier mais je me suis repassé le film avant de poster ce commentaire, car je ne l'avais pas revu depuis un moment.
Le film est effectivement plus un propos sur le traumatisme subi par les Coréens de par la guerre, ce qui s'incarne dans le sort différent des deux frères. Le propose plaide d'ailleurs plutôt pour la réconciliation. L'intérêt principal du film est sans doute d'insister sur la violence engendrée par la guerre, et ce dans chaque camp (exécutions sommaires des communistes, bourrage de crâne dans le camp nord-coréen ; justice expéditive des soldats du Sud quand ils découvrent les massacres au Nord, abus du service de contre-espionnage à l'arrière qui fusille des "traîtres" supposés). Le personnage le plus intéressant est sans aucun doute celui de Jin-Tae, "transformé" par la violence de guerre.
En ce qui concerne l'aspect militaire à proprement parler, malgré l'effort de reconstitution et le réalisme, on reste un ton en-dessous du soldat Ryan, par exemple, qui n'est cependant guère exempt de défauts non plus. Un gros défaut du film : l'omniprésence des combats au corps-à-corps, ce qui semble très éloigné de la réalité (on a parfois l'impression de tomber dans un film de Jackie Chan... et je suis gentil).
Frères de sang reste donc un film coréen, à destination des Coréens. La génération traumatisée par la guerre est celle actuellement au pouvoir et qui domine la société. Le film évite soigneusement le parti pris idéologique, en présentant les deux Corées comme des Etats brutaux envoyant leurs citoyens à la mort sans état d'âme. Comme le film vise le succès commercial et à toucher la jeunesse, qui n'a pas connu la guerre et ses conflits idéologiques, on se rabat sur une valeur qui marche à Hollywood : la famille. Le succès ne s'est pas démenti puisque 12 millions de Coréens (25 % de la population) l'ont vu à sa sortie en salle.
Sur la filmographie occidentale, elle est certes convenue mais je pense qu'il y aurait à redire là-dessus, en creusant un petit peu : mais ça demanderait un gros article bien fourni (lol).
Cordialement.
il est certain que c'est cette "recette hollywoodienne" qui a permis à ce film de faire une carrière à l'internationale. Pour ce qui est des scènes de combat, il s'agit effectivement de spectacle souvent exagéré mais par rapport à bon nombre de film de guerre, je trouve qu'il y a un effort dans la reconstitution des équipements. Il y a encore fort à faire mais pour la grande majorité du public, cela reste anecdotique dans la compréhension de l'histoire. De même et bien que cela soit amplifié, les combats au corps à corps font partie de la "légende" de la guerre de Corée. Les témoignages des anciens du bataillon français ont été particulièrement marqué par ce type d'affrontement (je suis d'ailleurs persuadé qu'une fois suffit à vous marquer à vie). Merci pour ce très bon complément d'information et je vous fais confiance pour un article de fond sur la filmographie occidentale traitant de la guerre de Corée. j'attends avec une certaine impatience de pouvoir le lire sur l'excellent historicoblog ;)
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