Multinational = anglais
Les opérations actuelles démontrent que, pour la France, il est quasiment impossible d'intervenir autrement que dans le cadre d'une coalition. Qu'elle soit placée sous le commandement de l'OTAN, de l'ONU de l'Union Européenne, les différents intervenants s'expriment systématiquement dans la langue anglaise au détriment de la langue française, celle de la diplomatie - et de l'escrime - qui, il faut bien l'avouer, est particulièrement difficile à apprendre. En tant que Français, il est évidemment possible de regretter cet état de fait mais vouloir s'y opposer semble aujourd'hui un combat d'arrière-garde.
Lorsqu'en 2009, Nicolas Sarkozy a fait le choix de réintégrer la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN, de nombreux postes se sont ouverts dans les différents états-majors de l'alliance pour les militaires français. Au delà des aspects purement pratiques de mutation à l'étranger, une des principales difficultés pour pourvoir ces postes réside dans le nombre croissant mais toujours limité de personnes parlant correctement l'anglais. Et ce "correctement" n'a rien d'anecdotique. En effet, les plus hauts responsables possèdent une bonne connaissance de la langue de Shakespeare et disposent souvent de l'aide d'interprètes. Pour les autres, cette connaissance est parfois plus approximative.
L'influence par la langue
Les militaires français n'étant pas différents de leurs compatriotes, ils ont moins de facilités que les Européens du Nord pour apprendre l'anglais et cela a un impact, notamment dans la prise de décision lors de l'élaboration des ordres. Lors d'un stage récent au sein du Corps de Réaction Rapide France (CRR-FR) à Lille, un formateur britannique notait le déficit d'intervention des officiers français lors des briefings. Il mettait cela, sans doute à juste titre, sur le niveau trop faible de la connaissance de la langue et de ses subtilités qui empêcheraient les Français de faire valoir leurs arguments. Cette réflexion met en lumière l'énorme avantage que possèdent les anglo-saxons dans la prise de décision grâce au fait que celle-ci se fasse dans leur langue.
Cette problématique est bien prise en compte au sein des états-majors français et elle se traduit par l'importance accordée à l'apprentissage de la langue anglaise dans tout les cycles de formation et notamment dans le cursus des officiers. Beaucoup reste à faire car comme le montre la vidéo suivante sur le ton de la plaisanterie, les quiproquos liés à une mauvaise maîtrise de la langue anglaise peuvent avoir des conséquences dramatiques lors de manoeuvres tactiques.
Bonjour.
RépondreSupprimerQue pensez-vous de la proposition suivante : afin de contrebalancer l'influence de la langue anglaise, de faciliter les communications de manière efficace (150 h d'apprentissage pour un niveau bac, traductions des nuances faciles...) et de mettre une véritable égalité entre partenaires au sein de coalitions ou d'alliances, utilisons l'espéranto ?
http://les-carnets-d-afs.blogspot.com/search/label/esperanto
A la lecture de votre article, je dirais pourquoi pas? Mais je reste dubitatif et ce pour deux raisons: tout d'abord, depuis qu'il existe (et ça commence à dater) l'esperanto n'a jamais vraiment percé. Ensuite, je ne crois pas non plus à l'égalité dans les relations d'Etat à Etat, il n'existe que des rapports de force. Le monde anglo-saxon domine l'occident et la langue anglaise est un outil qu'il faut savoir maîtriser pour faire entendre plus clairement notre voix, ça ne veut pas dire vendre son âme et renoncer à faire vivre la francophonie.
RépondreSupprimerConcernant le perçage de l'espéranto, la SDN a failli en faire sa langue de travail dans les années 20 mais la France a opposé son véto.
RépondreSupprimerPour les relations d'Etat à Etat, je suis parfaitement d'accord. Mais dans une perspective de constitution d'un Etat fédéral européen, le problème de la langue de travail se posera et il parait absurde de vouloir donner un avantage linguistique à l'une des Nations-membres. Par contre, dans un rapport UE vs autre, l'égalité ne peut effeectivement exister, seuls les rapports de force jouant.
Quand à la Francophonie, je suis pour une politique étrangère qui soit quasi-entièrement tournée celle-ci en développant une politique culturelle et linguistique ambitieuse.
En fait, l'espéranto n'est pour moi qu'une langue devant servir de langue vernaculaire : elle ne doit pas remplacer les langues nationales.
Dans le cadre de l'UE, l'avantage donné à l'Angleterre par l'utilisation de sa langue ne me semble pas rédhibitoire car son implication dans l'institution reste toute relative. Il n'en demeure pas moins que les pays du nord de l'Europe pratique plutôt bien l'anglais et que s'il y a avantage la ligne de fracture se situe plutôt là (pays nordiques/pays latins). Sans doute convient il de militer pour une langue neutre mais cela me semble aujourd'hui utopiste. En tous cas merci pour l'intérêt porté à cet article!
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