jeudi 15 septembre 2011

Après l'Afghanistan, le sas de décompression

La député socialiste de Bordeaux, Michèle Delaunay, s'illustre actuellement sur les blogs de défense pour avoir posé plusieurs questions (5) sur l'accompagnement des militaires français au retour de leur mission en Afghanistan. Même si elles ne sont sans doute pas dénuées d'arrière pensées politiciennes, ces questions ont le mérite de relancer un débat nécessaire sur l'implication des soldats français en Asie Centrale, la reconnaissance de leur travail et des éventuelles conséquences de celui-ci. La député, elle-même médecin, note dans un entretien accordé au Point que le suivi des blessures psychologiques est insuffisant comme le démontrerait les sollicitations de ses administrés.
 
Michèle Delaunay

Néanmoins, le ministère de la défense comme la plupart des armées occidentales a pris conscience de l'accroissement des syndromes de stress post traumatique et de l'absolue nécessité de lutter contre cette maladie ou au minimum la détecter le plus tôt possible. Cela s'est traduit essentiellement par la création, en 2009, d'un sas de décompression au retour d'Afghanistan. Après six mois de préparation puis six mois de mission, les soldats français, toutes armées et tous grades confondus, transitent par Chypre avant de rentrer en France. Ils passent alors deux jours dans un hôtel 5 étoiles et suivent différentes activités leur permettant de relâcher la pression. Ce qui pourrait passer pour des vacances est en fait un élément à part entière de la mission: se préparer au retour à la vie quotidienne en France. Au programme: visites touristiques, sensibilisation aux risques psychologiques, et séances de relaxation au moyen de Techniques d'Optimisation du Potentiel - TOP techniques proches de la sophrologie. Tout cela est menée par des psychologues appartenant à  la Cellule d'Intervention et de Soutien Psychologique de l'Armée de Terre - CISPAT  . A l'écoute de chacun, ils alertent les militaires sur les symptômes liés au stress post traumatique et peuvent détecter d'éventuelles détresses psychologiques dès le sas. Ce travail est d'ailleurs relayé au sein des régiments et des différentes unités par un officier environnement humain.
Le reportage photo du site de la défense permet de se faire une bonne idée de la structure créée au profit des forces rentrant d'Afghanistan.

crédit: ADC THOREL/SIRPA Terre Image

Bien évidemment, ces deux journées de relaxation ne peuvent effacer instantanément la tension accumulée pendant une mission de guerre mais la satisfaction qu'éprouvent les soldats lors de cet intermède démontre à elle seule le bien fondé d'un tel dispositif. Il n'en demeure pas moins, comme le précise Michèle Delaunay que ces soldats seraient encore moins sensible à ce stress post traumatique s'ils ne rentraient pas en France dans une quasi indifférence de la population pour laquelle ils ont servi. Et pour que cela change, les quelques questions de madame le député peuvent être un aiguillon bien utile.


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