L'effet de surprise est souvent déterminant dans le déroulement d'une bataille. Le stratège doit donc faire preuve d'imagination pour jouer avec les contraintes de la géographie afin de passer là où on ne l'attend pas. En cela, il est parfois aidé par les convictions que l'adversaire peut avoir développer. La traversée des Alpes par Hannibal et ses éléphants ou encore la percée des Ardennes par Guderian durant la deuxième guerre mondiale sont des exemples emblématiques de ces certitudes cruellement démenties.
La France a connu, au cours du 18ème siècle , une autre déconvenue de ce type qui lui coûtera pas moins que sa présence en Amérique du Nord.
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dispositif lors de la bataille du 13 septembre 1759 |
Le Canada dans la guerre de Sept Ans
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En 1759, l’Amérique du Nord est l’un des théâtres d’opération de la Guerre de Sept Ans. Ce conflit débuté en 1756 oppose notamment le Royaume de France à l’Angleterre. La stratégie anglaise mise en place par le Premier Ministre, William Pitt, est de confiner la France en Europe pendant que les forces britanniques conquièrent l’empire français d’Amérique. La supériorité maritime anglaise est un atout majeur pour l’accomplissement de cette stratégie car elle est un réel obstacle à l’envoi de renforts en Nouvelle-France. Pour le premier ministre britannique, l’année 1759 doit être celle du coup de grâce. Il décide donc de lancer l’offensive par la terre – de la région des Grands Lacs vers Montréal – et par la mer, c’est à dire par l’embouchure du Saint-Laurent pour prendre la capitale de la Nouvelle-France Québec. Cette mission s’avère particulièrement difficile car la cité est fortifiée et bénéficie d’une position très favorable à sa propre défense. En effet, les conditions climatiques de la Nouvelle-France obligent l’éventuel assaillant à agir lorsque le fleuve n’est pas gelé – et donc à conquérir la ville avant qu’il ne puisse plus refluer. De plus, les berges du Saint-Laurent en aval de la ville sont aménagées pour en assurer une bonne défense et empêcher tout débarquement. Ces installations démontrent d'ailleurs leur efficacité notamment lors d'une première tentative anglaise qui se solde par un cuisant échec au cours du mois de juillet.
Erreur d'appréciation désastreuse
L'amont, en revanche, n'a pas bénéficié d'autant d'attention. En effet, les marins français ont estimé le passage impossible aux imposants navires britanniques. Pourtant dès leur arrivée aux abords de Québec, ces derniers démontrent leur capacité à franchir le goulet sans encombres. Les conséquences sont majeures pour les défenseurs, car, conforter par la certitude de ne pas voir les Anglais en Amont de la ville, ils n'ont pas hésité à éloigner leurs réserves. Leur route logistique se trouve donc exposée à un débarquement britannique. le marquis de Montcalm, commandant les troupes françaises en Amérique du Nord, décide de constituer des détachements mobiles aux ordres de Bougainville pour suivre les bateaux anglais afin d'éviter ce débarquement redouté.
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vue de la prise de Québec |
Quand la chance s'en mêle
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Après avoir essayé différentes stratégies au cours de l’été, le général Wolfe décide finalement de faire débarquer ses troupes en amont de Québec à l’Anse au Foulon, le 12 septembre. Bien que surplombé par des falaises comme une bonne part des berges, cet emplacement dispose d’une piste qui permet d’amener l’artillerie plus aisément sur les contreforts de la ville de Québec. Cette opération interarmées de grande envergure permet au général britannique de disposer de plus de quatre mille professionnels face aux défenseurs de la cité. Le 13 septembre, le Marquis de Montcalm décide d’attaquer les forces anglaises alors qu’il peut encore attendre le retour de près de trois mille hommes commandés par Bougainville, ce choix sans doute dicté par la crainte de voir les Anglais amenés davantage d’artillerie s’il patientait encore ne fera qu’accélérer l’inéluctable au regard de l’expérience des insulaires comparée aux francophones et la bataille est rapidement perdue.
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La réussite de cette opération tient pour beaucoup à la chance. En effet, moins d’une semaine avant le débarquement, le bataillon Guyenne entier était positionné à proximité du lieu de débarquement et aurait semble-t-il du avoir l’ordre d’y retourner le 12. De plus, une opération française de ravitaillement par le fleuve était prévue la même nuit, les guetteurs le long du Saint Laurent ne sont pas avisés de son annulation et lorsque les navires britanniques approchent ils les croient amis.
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la victoire finale de Wolfe repose pour bonne part sur les erreurs d’appréciation du général français mais aussi et pour beaucoup sur la chance qui a spectaculairement favorisé la manœuvre britannique. C’est donc au final la grande force du général Wolfe d’avoir su forcer le destin pour emporter la décision.
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le marquis de Montcalm peut se voir imputer cette défaite car comme l’écrit le Chevalier de Lévis « un général vaincu a toujours tort ».
Source: Québec 1759 C.P. Stacey
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