Créer une capacité d'intervention
L'accident survenu le 30 août 2011 entre un mirage 2000-C français et un L-39 Albatros lituanien près de la base de Siauliai - Lituanie - met en exergue la participation française à l'opération de l'OTAN Air Baltic 2011. Cette mission est en fait une force de réaction rapide qui a pour but de surveiller l'espace aérien des trois pays baltes. La France a dernièrement accru sa participation en assurant un troisième tour en moins de deux ans. Cela permet aux équipages de l'armée de l'air de se tester ainsi que leur matériel dans les conditions nordiques. Les autres armées ne sont pas en reste. L'armée de terre fortement engagée en Afghanistan peut s'appuyer sur l'expérience acquise dans un pays où les conditions hivernales se rapprochent de l'Arctique. De plus la 27ème brigade d'infanterie de montagne participe régulièrement aux exercices otaniens Cold Response qui se tiennent en Norvège. La marine nationale, enfin, déploie un navire de surface et un sous-marin chaque année dans le Grand Nord.
The place to be
Cette volonté de se donner les moyens d'agir en Arctique répond à la problématique qu'avait soulevé le général Georgelin alors chef d'état-major des armées en 2009 «l'ouverture des nouvelles routes commerciales par le Grand Nord et les tensions naissantes entre les pays limitrophes de l’Arctique pour l’exploitation des éventuels champs pétrolifères, nous font prendre conscience de l’enjeu que représente la sécurisation des accès aux ressources(...)"(1)
Selon l'institut géologique américain US geological survey, la région contiendrait 13% des réserves mondiales de pétrole, 30% pour le gaz naturel et 20% du gaz naturel liquide. Il n'est donc pas surprenant que les états limitrophes - Canada, Russie, Etats-Unis, Norvège, Danemark - cherchent à s'accaparer ce trésor en revendiquant leur propriété sur cette zone stratégique. Mais d'autres prétendants se manifestent comme le démontre l'annonce de la Chine qui souhaite s'équiper de puissants brise-glaces pour 2013.
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Internationaliser l'Arctique
Du point de vue diplomatique, la France ne reste pas inactive afin d'éviter de se retrouver mise à l'écart. La nomination en mars 2009 de Michel Rocard comme ambassadeur pour les questions polaires relève d'un choix stratégique. En effet, l'ancien premier ministre possède une certaine expérience puisqu'il a initié le protocole lié au Traité de Madrid de 1991 dont la principale disposition est de faire de l’Antarctique une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Ce principe, s'il était instauré pour l'Arctique permettrait d'assurer le libre accès aux nouvelles routes maritimes libérées par la fonte des glaces. Les démarches de M. Rocard s'appuie sur une volonté de préservation de l'environnement et notamment des réserves halieutiques de la zone.
Enfin la participation de la France en tant qu'observateur au conseil de l'Arctique et au conseil Euro Arctique de Barents confirme sa volonté de rester un acteur majeur dans la gestion des affaires de cette région hautement stratégique.
(1) Allocution du CEMA au colloque du Conseil économique de la Défense du 13/06/2009
sources:
Diploweb.com : Arctique, la France prend position